Chers collègues dirigeantes et dirigeants d’entreprises membres de l’AFSSI,

Monsieur le Président, cher Xavier,

Lors de notre Assemblée Générale, nous allons procéder cette semaine au renouvellement des instances de notre Association, de son Conseil d’Administration, de son bureau et de son Président.

En réponse à des sollicitations amicales et après avoir bien réfléchi, espérant pouvoir être utile à notre collectif, je viens vous présenter ma candidature à la fonction de Président de l’AFSSI pour la prochaine mandature.

Après une « Présidence Oncodesign » où la personne et l’énergie de Philippe Genne allaient mettre l’AFSSI sur les rails et l’imposer dans le paysage des Sciences de la Vie, après une « Présidence Bertin Pharma » où les talents de Xavier Morge allaient assoir l’organisation de l’Association, engager sa régionalisation et faire avancer les dossiers les plus sensibles, j’avoue m’être demandé quel pourrait être le sens d’une « Présidence Drugabilis ».

L’AFSSI regroupe aujourd’hui plus de 120 entreprises, dont beaucoup sont des TPE comme Drugabilis. L’évolution de nos statuts proposée cette année, avec une Présidence pour deux années, assistée de deux Vice-Présidences (celle du précédent et celle du futur Président), garantira la continuité de l’action de l’Association et permettra désormais à des dirigeants d’entreprises de toutes tailles de présider l’AFSSI.

Vous pourrez donc voir à travers ma candidature un appel renouvelé à tous et à toutes, même ceux et celles qui se seraient pensés « trop petits », pour venir contribuer aux travaux de la maison commune, y compris en y briguant parfois pour quelques temps la Présidence.

Avant d’aborder ensuite ce que pourraient être nos actions dans des deux années à venir, je crois utile de rappeler quelques éléments importants.

Il est d’abord essentiel de rappeler que l’AFSSI est d’abord un moyen commun au service du développement de nos entreprises, que ce moyen est issu d’une construction collective et qu’il ne vit que par l’action collective. Vos contributions individuelles ont fait les réalisations passées et feront nos réussites de demain.

A ceux qui se demandent parfois ce qu’a déjà fait l’AFSSI, j’aimerais rappeler que nos initiatives, collectivement menées sous l’impulsion de Philippe, puis de Xavier, solidement appuyés de Claude-Alain et de Yohan, ont permis des réalisations très significatives sur lesquelles nous pouvons bâtir aujourd’hui les étapes à venir :

  • Existence de l’AFSSI : nous avons défini dès 2012 le périmètre des Sociétés de Service et d’Innovation dans les Sciences de la Vie et avons durablement installé, en France, l’AFSSI dans le paysage de ce secteur d’activité ;
  • Organisation de l’Association : notre organisation s’est structurée au fil du temps et (Présidence, Vice-Présidences, Direction Opérationnelle, CA, COMEX, Délégués Régionaux, Groupes de Travail…) et nos réunions régulières permettent l’avancement efficace de nos travaux ;
  • Mise en ligne de la base de compétence AFSSI : interrogeable par mots clés, la cartographie des services AFSSI permet depuis plusieurs années aux adhérents d’être visibles et identifiés par de nouveaux clients ;
  • Charte des bonnes pratiques : interpellés par nous sur les risques de concurrence déloyale, les organismes de Recherche Publique ont tous signés dès 2013 une Charte de Bonnes pratiques de facturation ;
  • Création de la MAPSSI : avec l’aide de Jacques-Bernard Taste et de Biotech & Finance, la publication de la MAPSSI nous a offert une opportunité supplémentaire d’être visibles et a renforcé la prise de conscience de la taille de notre réseau, suscitant de nouvelles adhésions ;
  • Rendez-vous annuels :  l’AG et les AFSSI connexions (précédemment Université d’été) sont nos principaux rendez-vous collectifs, assortis d’un séminaire de début d’année (CA+COMEX+ volontaires…),
  • Etude économétrique : menant une étude économétrique de longue haleine dont les résultats ont donné de la force à notre discours, nous avons su quantifier l’emploi dans nos entreprises et démontrer notre poids socio-économique ;
  • Action juridique sur la concurrence déloyale : Nous avons interrogé les autorités compétentes et conduit, grâce à l’effort soutenu de Claude-Alain, une action juridique longue sur le thème de la concurrence déloyale et nous disposons aujourd’hui les éléments nécessaires pour initier d’éventuelles actions en justice ;
  • Crédit Impôt Recherche : nous avons travaillé sur la question du CIR et fait de premières tentatives – à poursuivre – pour en discuter certains aspects avec les pouvoirs publics ;
  • Charte des Membres : la rédaction d’une Charte des Membres AFSSI a été conduite récemment pour rappeler à tous l’importance décisive de la participation de chacun et de chacune pour faire progresser ensemble le développement de nos entreprises dans le respect mutuel des uns et des autres…

Sur ces bases solides, nous pouvons bâtir les prochaines étapes, dont je vous propose ici les grandes lignes pour les deux prochaines années :

Communiquer plus régulièrement pour accentuer notre influence

Nous devrons communiquer plus régulièrement et par les bons canaux sur notre filière, sur son poids relatif dans l’écosystème, et sur l’enjeu que représente son essor pour le développement du secteur pharma-biotech et plus largement des sciences de la vie en France, pour exposer nos problématiques et expliquer nos attentes, et pour faire évoluer notre environnement.

à  Vers les services de l’Etat et vers nos Politiques : Forts de notre poids et convaincus de notre rôle dans le développement économique du secteur des Sciences de la Vie, il nous apparaît légitime de demander un rééquilibrage en notre faveur d’un certain nombre de lois, règlements et dispositifs.

à Vers les Acteurs Institutionnels du développement économique : nous devons aussi localement parler aux Pôles de compétitivité, Agences de développement, CCI, Banques et Organismes de financement, Pépinières, Incubateurs, Parcs technologiques pour qu’à leur tour ils parlent de nous entre eux et à nos futurs clients, ainsi qu’aux aménageurs et décideurs publics.

Je pense pour cela que nous devrions nous doter d’une cellule en charge d’établir, puis de conduire un plan de communication sur une liste de sujets en lien avec nos priorités dont certaines sont énoncées plus haut.

Travailler en réseau la question de l’accès pour tous aux donneurs d’ordres

Concernant la communication vers nos donneurs d’ordres pour accroître le chiffre d’affaire de nos entreprises, nous n’avons pas pour l’instant été aussi efficaces que nous le souhaitions. Si certains donneurs d’ordres ont participé à nos manifestations, nous n’avons pas toujours su transformer ces participations en commandes auprès d’autres membres.

Je vous propose d’engager une action collective de communication systématique par chacun d’entre nous sur l’AFSSI et sur l’offre technologique de ses membres.

A titre d’exercice, demandons nous chacun combien de fois nous avons suggéré à nos clients d’avoir recours aux services d’un collègue membre de l’AFSSI ? Et d’ailleurs, nous sommes-nous déjà posé la question de savoir ce que faisaient exactement les autres adhérents de l’AFSSI afin de pouvoir parler d’eux à nos donneurs d’ordres ? Et avant cela, combien d’entre nous pensent-ils à assurer la promotion de l’AFSSI en affichant déjà le logo de l’AFSSI sur leur site internet ou dans leur signature automatique d’e-mails ? Combien de fois avons-nous remis un exemplaire de la MAPSSI à un client ou lui avons-nous suggéré de s’en procurer un ?

Certains réseaux d’affaires pratiquent la recommandation croisée avec une efficacité commerciale redoutable. Nous avons sur ce terrain-là une forte marge de progression. Je suggère qu’un groupe de travail se consacre à la question, et qu’il nous fasse des recommandations simples de bonnes pratiques (vous remarquerez bientôt à cet égard que la Charte des Membres AFSSI qu’il sera proposé d’adopter à notre AG, a déjà été rédigée dans cet esprit).

Je suggère enfin que cette question de la connaissance mutuelle des membres de l’AFSSI les uns par les autres, et des recommandations qu’ils ou elles pourraient plus systématiquement faire à leurs donneurs d’ordre, soit l’une des thématiques récurrentes de toutes nos manifestations nationales et régionales.

Concourir à la valorisation de la recherche publique et de certaines de ses plateformes

Beaucoup des sociétés de l’AFSSI accompagnent tous les jours des programmes de R&D privés à des stades précoces. Elles pourraient aussi apporter plus souvent apporter cette compétence en soutien aux structures de valorisation de la Recherche publique qui dépensent parfois des sommes substantielles sur des projets précoces. Je crois que nombre d’entre nous seraient tout désignés pour conduire les études de support à la valorisation de projets issus de la recherche publique, tout comme je pense que des interactions plus fréquentes entre entrepreneurs de l’AFSSI et académiques créateurs d’entreprises pourraient parfois beaucoup aider ces derniers. Nous savons aussi que certains adhérents de l’AFSSI pourraient aider à la valorisation de certaines plateformes.

J’aimerais donc prochainement sonder nos adhérents pour savoir lesquels seraient intéressés pour mener une réflexion sur l’opportunité et sur les modalités de développer des interactions renforcées avec la Recherche Publique (notamment les Universités), que ce soit pour la valorisation directe de projets de recherche ou que ce soit aussi pour gérer l’exploitation de certaines plateformes.

Transformer l’essai sur la concurrence déloyale

Sur la question de la concurrence déloyale, nous avons maintenant tous les éléments pour aboutir à des résultats concrets.

Nous devrons essayer de résoudre une fois pour toute la question du doublement du CIR pour des prestations confiées à la recherche publique. Il conviendra là d’obtenir un CIR identique (simple ou double) pour toute prestation de recherche.

Toujours faire avancer le sujet de la concurrence déloyale par certains laboratoires et plateformes publiques, je pense que nous devrons utiliser les médias appropriés pour accroître la pression sur les parties prenantes.

Plus de 5 ans après sa signature par l’ensemble des organismes de recherche français, la charte de bonnes pratiques de facturations devrait en effet maintenant être appliquée par tous et partout. Je suggère donc que nous interpelions publiquement dans une lettre ouverte en même temps publiée via différents canaux ad hoc, les dirigeants des établissements d’enseignement supérieurs et organismes de recherche signataires quant à l’application ou non des engagements pris dans la charte de 2013.

Sur la question de la concurrence déloyale toujours, je crois que nous pourrions aussi interpeler publiquement nos donneurs d’ordre qui travaillent souvent aussi avec la recherche publique, en leur proposant de ratifier une charte de « commerce équitable » par laquelle ils s’engageraient à ne travailler qu’avec des plateformes et laboratoires qui ont effectivement mis en œuvre les bonnes pratiques de calcul des coûts complets et de fixation de prix margés.

Enfin, lorsque les éléments de preuve auraient été récoltés, nous ne devrons poursuivre à les porter devant les autorités compétentes, finissant tôt ou tard par emmener certains dossiers en justice. Ce sera logique et probablement éducatif pour ceux qui pensent jusqu’ici que nous ne le ferons pas.

De l’action des représentants régionaux

Nos représentants régionaux sont plus naturellement connectés aux acteurs locaux (parc technologiques, pôles de compétitivité, agences régionales de développement…). Ils sont nos relais de communication et doivent être alimentés en conséquence et consultés régulièrement. Ce sont eux qui pourraient par exemple rappeler aux établissements publics de leur région l’existence de la Charte de bonnes pratiques de facturation.

Ils sont pour les instances de l’AFSSI, le relais des questions des collègues adhérents locaux et restent le point de contact naturel pour le recrutement de nouveaux adhérents.

Pour leur permettre d’être nos champions, nous devrions réfléchir aux moyens accroître leur visibilité auprès des instances locales du développement économique ou la recherche publique.

Voilà en quelques paragraphes les quelques actions que j’aimerais conduire pour et avec les groupes de travail auxquels vous viendrez nombreux je l’espère.

Souhaitant pouvoir être utile à notre collectivité, je vous remercie de la confiance que vous voudrez bien m’accorder lors de notre AG et je reste à votre écoute pour recueillir vos avis et questions.

J’appelle toutes les bonnes volontés s’engager elles aussi dans nos instances et dans nos groupes de travail à venir, et en votre nom à tous et toutes, je les en remercie très chaleureusement par avance.

Espérant vous voir nombreux à notre AG, je vous souhaite une très bonne semaine.

Très confraternellement,

Joël

Joel VACUS
Joel VACUSCEO & Directeur scientifique, Drugabilis